La pollution lumineuse

Chaque nuit, en France, l'équivalent d'une centrale nucléaire est utilisé pour alimenter les lumières inutiles. Plus de 80% des étoiles sont invisibles dans les zones habitées. Près de 75% de la faune nocturne est déstabilisée à cause de l'omniprésence des lumières excessives. Une personne sur deux ne peut dormir à cause de l'éclairage trop puissant. Tel est le résultat de la pollution lumineuse... 

La pollution lumineuse, qu'est-ce que c'est ?

​Comme le nom l'indique, il s'agit d'une pollution dûe à l'excès de lumières. Le principe est simple : plus il y a d'éclairage orienté vers le ciel, plus les étoiles "s'effacent". Pour mieux se rendre compte, il suffit de comparer des zones où l'éclairage varie ; en ville, il est quasiment impossible d'observer les nébuleuses/galaxies, et seules les grosses étoiles apparaissent comme de simples points. En revanche, à la campagne, l'absence de lumières offre un ciel d'une très grande qualité : il est possible d'observer presque tous les objets célestes, et la Voie Lactée apparaît clairement. 

Cependant, il ne s'agit pas seulement d'un changement d'aspect du ciel. En effet, la pollution lumineuse est également le signe d'un gaspillage "astronomique" d'énergie. Ce genre de gâchis se retrouve à travers l'utilisation excessive d'enseignes lumineuses, publicités, réverbères mal disposés, projecteurs, lasers, mais aussi toutes sortes d'éclairage de décoration. A l'échelle de l'urbanisation, on peut s'apercevoir que cette consommation nocturne, en elle-même facultative, a tendance à être perçue comme étant néfaste... Malgré cela, l'éclairage nocturne a pourtant des fonctions. Ainsi, les lampadaires permettent d'éviter des accidents en éclairant les routes. De plus, dans la pensée collective, le fait d'éclairer un bâtiment favoriserait la diminution du vandalisme, des agressions, ou encore des cambriolages. Mais au final, l'éclairage ne permet pas d'atteindre ces objectifs, bien au contraire. 

Il y a un autre aspect, bien pire encore que la consommation d'énergie : la faune et la flore sont aussi affectées par la pollution lumineuse. Les espèces nocturnes n'utilisent pas notre éclairage artificiel, mais celui du ciel ! Effectivement, bon nombre d'être vivants ont un rythme de vie réglé par rapport à la Voie Lactée. Le rythme biologique des espèces est perturbé. La quantité grandissante de lumière engendre une modification de la faune, conduisant parfois à la diminution de certaines espèces, au profit d'autres. Il en va de même pour la flore. On peut notamment parler de la durée des phases de repos des plantes, qui diminue de plus en plus. 

La pollution lumineuse a un coût...

Au fil des ans, la consommation d'énergie augmente. A ce jour, environ 40% de l'énergie est perdu à cause de la pollution lumineuse en France. Par ailleurs, le temps d'éclairage ne cesse d'augmenter. Tout cela est paradoxal, car un éclairage moins puissant et mieux adapté s'avère beaucoup plus efficace et économique. En effet, "éclairer plus" ne signifie pas "voir mieux" et "vivre bien" ! Progressivement, les communes et les habitants commencent à en prendre conscience... 

Est-il possible de réduire la pollution lumineuse ?

La réponse est OUI ! A ce jour, la pollution lumineuse est colossale, mais le moindre geste contribue à la lutte contre l'éclairage excessif. L'ANPCEN a établi quelques critères permettant de limiter au maximum la pollution lumineuse tout en améliorant le confort et la sécurité. 

 

Comment limiter la pollution lumineuse :

(extrait d'un dossier de l'ANPCEN, disponible sur la page "Téléchargements")

Principe directeur: éclairer où cela est nécessaire, par un dispositif performant qui permet de diriger la lumière là où elle est requise, avec une puissance et une durée de fonctionnement adaptées. 


1) Recourir à des éclairages qui permettent de plaquer la lumière vers le sol et vers son objectif. Eviter toute émission de lumière vers le ciel ou au-delà de l’horizontale. Bannir impérativement les lampadaires de type « boule » et assimilés ainsi que les spots encastrés dans le sol.

2) Utiliser des lampadaires dont l’ampoule est bien intégrée dans le luminaire. A distance, il faut voir uniquement le sol éclairé et non l’ampoule. Dans le cas contraire les piétons et les automobilistes subissent un éblouissement qui limite leur capacité d’adaptation visuelle à l’obscurité.

3) Ajuster la hauteur des mâts en fonction de l’utilisation du secteur éclairé.

4) Limiter la puissance de l’éclairage d’une manière générale, l’intensité doit être de 10 lux au sol au pied du lampadaire et 1 lux entre mâts.

5) Limiter l’éclairage dans le temps par des extinctions nocturnes :

a. à l’aide d’une minuterie et de détecteurs de mouvements,

b. en éteignant les éclairages des enseignes, des monuments et des bâtiments industriels au plus tard à 23h.

c. en coupant ou à défaut, en réduisant l’éclairage des parkings des espaces commerciaux après la fermeture du site et le départ dupersonnel.

d. en coupant ou en diminuant la puissance d’éclairage des rues à partir d’une certaine heure (auxiliaires d’alimentation).

6) Sur les routes, recourir au maximum à l’éclairage passif (catadioptres, matériel réfléchissant...) en particulier pour les giratoires. Ce procédé offre de nombreux avantages: efficacité, excellent confort visuel, coût très faible, pas d’entretien, et consommation électrique nulle.

7) Privilégier les mises en lumières douces et occasionnelles afin de créer un effet évènementiel et festif.

8) Préserver les espaces naturels encore épargnés de la pollution lumineuse par une sensibilisation des acteurs locaux, publics ou privés, ainsi que des populations. 

 

- Article rédigé par Jean-Baptiste Faupin pour Astropleiades. -

 

Commentaires

  • Moly Léo
    • 1. Moly Léo Le 12/04/2015
    Je suis parfaitement d'accord!! Il y a beaucoup trop de pollution lumineuse.
    Exemple: à St. Germain-en-Laye dans les Yvelines en Île-de-France il y a quasiment un lampadaire tous les 10 mètres qui n'éclaire presque pas le sol et au contraire le sol
  • Tails
    • 2. Tails Le 09/10/2010
    Bonjour!

    C'est exact, il faut remplacer les lampadaires par les étoiles!!!

    Cordialement,
    Tails
  • L'Astronome Eclipse
    Oui effectivement... il serait bon de réduire l'éclairage dans certaines zones. Naturellement, "réduire" ne signifie pas "supprimer"; il est donc possible d'allier confort et protection du ciel étoilé.

    Astro-amicalement,
    L'Astronome Eclipse (fondateur du site Astropleiades)
  • Sylvain
    • 4. Sylvain Le 23/08/2010
    Dans certains endroits l'éclairage est inutile.

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